2016.05.23
C’est bien reposé que je quitte La Serena, même après une courte nuit de sommeil. Le barbecue organisé par les propriétaires de l’auberge s’étant étiré plus que je l’avais prévu! Je pars avec l’objectif de me rendre à Valparaíso en quatre jours étant donné les 430 km qui m’y séparent.
Presque toute la route va se faire par la route 5, la route qui traverse le Chile depuis sa frontière avec le Perú au nord, jusqu’à Puerto Montt au sud. La route est en super bonne condition et l’accotement la largeur une voie. Le seul hic, c’est que c’est côteux pas à peu près. Je ne m’attendais pas vraiment à ça puisque la route est toujours assez proche de la mer mais ça va être des journées d’au moins 1000 m de grimpe.
Les cactus et les éoliennes sont les principaux composants du paysage de la journée.
Les éoliennes étant orientées pile dans la direction ou j’allais, j’ai été chanceux d’avoir une matinée pas trop venteuse.
Je m’arrête assez tôt en après-midi car j’ai trouvé un bon endroit pour passer la nuit. Une halte routière en bordure de l’autoroute où je pourrai y prendre une bonne douche chaude et profiter du Wi-Fi de la station-service d’à côté.
2016.05.24
Pour cette deuxième journée du segment, j’ai repéré un camping en bordure de la plage à environ 130 km de mon premier campement. C’est parfait, ça me laissera donc deux journées de 100 km pour finir. Ça a par contre été toute une journée à cause des fameuses collines. J’ai l’impression d’avoir passé la journée en petite vitesse répétant la séquence 10 minutes de montée suivies de 2 de descentes pour un nombre incalculable de fois.
Au moins le paysage devient de plus en plus vert ce qui est clairement encourageant, j’en ai assez des roches!
J’arrive finalement au camping, crevé, et je constate sans grande surprise qu’il est fermé. Il faut garder en tête que les saisons sont inversées et que c’est présentement l’équivalent du mois de novembre ici, donc pas la haute saison pour le camping. Ce n’est pas trop grave car je peux quand même camper sur place, je n’aurai juste pas accès aux services.
2016.05.25
Avant dernière journée avant Valparaíso, il ne reste plus beaucoup de jours de vélo dans ce voyage-là!
Je commence la journée sur la route 5 que je quitte finalement en fin de journée, préférant passer par le chemin panoramique qui longera la côte jusqu’à Valparaíso, en passant par Viña del Mar, la plus grosse ville de la région.
Tout au long de la journée, j’ai droit à des paysages superbes, c’est toujours des collines et la route est plus ou moins proche de l’océan mais offre une vue sur la mer de temps en temps.
Là c’est vraiment terminé les vues rocheuses, tout est vert et les arbres sont devenus quelque chose de normal à croiser.
Je finis la journée au village de Papudo, un bel endroit au bord de la mer.
2016.05.26
Journée froide et brumeuse, je longe la côte du début à la fin. Dommage que la température n’ait pas été meilleure car la vue des falaises aurait été magnifique.
Je passe par Viña del Mar, à travers le parc qui longe la côte et les nombreuses plages qui sont désertes ce temps de l’année.
Seuls les surfeurs se mettent à l’eau et je te dis qu’il y en a plusieurs au pied carré!
Juste avant d’arriver à Valparaíso, le parc finit et laisse place à une autoroute à 3 voies sur laquelle je me bats pour ma vie pendant les 5 derniers kilomètres.
2016.05.27 au 2016.05.29
Valparaíso est une ville côtière qui a déjà été le plus gros port d’Amérique latine avant que l’ouverture du canal de Panamá le rende inutile. Avant la construction de ce passage direct entre les océans Atlantique et Pacifique, les bateaux devaient contourner les Amériques par le sud en passant par le cap Horn et remontaient par la suite en longeant la côte chilienne. Les exportations vers l’Europe se faisaient donc par Valparaíso.
La ville a beaucoup d’histoire et est construite de façon assez particulière. Située, comme bien d’autres villes chiliennes, entre les montagnes et la mer, Valparaíso est reconnue pour ses collines appelées cerros, où sont construites les maisons colorées ou couvertes de murales artistiques typiques de la ville.
L’accès à ces quartiers se fait en empruntant des chemins étroits avec plein d’escaliers ainsi que par les nombreux funiculaires antiques qui facilitent un peu la vie des occupants.
Visite guidée de la ville, visite du marché et promenade dans les rues pour voir l’art de rue (museo a cielo abierto) sont les principales choses que j’ai faites pendant ces trois jours.
Le marché est immense, il déborde de deux coins de rues de tous les bords de l’emplacement prévu. Les rues sont remplies de vendeurs de légumes, poissons et autres cossins, il y a même la rue des vendeurs de cigarettes! Pas besoin d’aller chez les indiens pour économiser et encore moins besoin d’avoir l’âge légal! Pas surprenant que les chiliens fument beaucoup.
Mon hostel était situé sur une des rues de vendeurs de légumes.
Le matin c’est bondé et l’après-midi, tout ce beau monde-là s’en va et laisse des montagnes de déchets!
Ils arrangent leurs légumes, arrachent les feuilles après les choux fleurs, épluchent les oignons et laissent tout ça par terre, au grand bonheur des chiens errants.
Parlant de chiens errants, Valparaíso en compte des milliers. Ça n’a aucun sens, il y en a partout, même dans les magasins et épiceries. Ceux-ci sont même acceptés dans les autobus!
2016.05.30
Je pars le matin pour Santiago, dernier arrêt avant le retour au Canada dans moins d’une semaine. Je pars comme d’habitude vers 7h et je m’enligne vers l’autoroute 68 qui me mènera directement à la capitale.
Le problème c’est qu’il n’y avait pas de place pour que je puisse rouler en bordure de la route et que ça allait clairement trop vite pour que je roule dans la voie de droite. J’ai fait un petit bout pour voir si ça s’améliorait mais ce n’était pas vraiment le cas. J’allais donc devoir oublier le vélo pour ce dernier tronçon.
J’ai donc viré de bord et pris le bus jusqu’à Santiago, puis je me suis rendu jusque chez mon hôte Victor, à vélo. En arrivant, Victor et sa maman m’attendaient avec un bon dîner. Je fais connaissance aussi avec sa femme Claudia et son plus jeune fils Vicente.
En après-midi, Victor m’emmène faire un tour en ville pour faire quelques courses et en même temps me trouver une boîte de vélo pour l’avion.
2016.05.31
J’ai cinq jours pour faire le tour mais on annonce de la pluie sans arrêt pendant les trois derniers. Mon plan pour la journée est donc de faire pas mal le tour des choses extérieures et de garder les musées et visites intérieures pour les jours moins beaux. Je commence donc avec une grande marche dans le centre historique en débutant par la Place d’armes, la cathédrale et autres bâtiments historiques puis j’enchaîne avec cerro Santa Lucia, une petite colline non loin du centre-ville, convertie en parc/mirador.
Je poursuis ensuite ma marche vers cerro San Cristobal, une autre colline pas mal plus grosse et un peu plus loin du centre. C’est le Mont-Royal de Santiago mais avec un funiculaire pour les paresseux. J’ai commencé à monter par le sentier même si celui-ci était en construction et après un petit bout, il n’y avait tout simplement plus de sentier. Je suis donc redescendu et là j’étais fatigué et j’ai pris l’ascenseur. J’avais une très belle vue sur la ville mais la vision est limitée par l’éternel smog de Santiago.
2016.06.01
Je me fais interviewer par le journal local, le Puente Alto Al Día pour commencer la journée, Victor leur a parlé de moi et ils étaient intéressés à me rencontrer. J’ai passé une demi-heure avec le reporter et je suis parti pour mon dernier tour de vélo du voyage: une visite de vignoble.
Il y en a beaucoup à quelques kilomètres au sud de Santiago, et comme Victor habite la banlieue sud de la ville, il y a des vignobles à peine à quelques kilomètres de chez lui. J’ai choisi un vignoble situé un peu plus loin en pensant que ça serait un peu plus artisanal que le bien connu «Concha y Toro» mais je m’étais trompé.
Le vignoble de Santa Rita est le 3e plus gros au pays avec une production non négligeable de 80 millions de bouteilles par année. J’ai fait le tour des vignes en vélo puisque j’étais pas mal en avance sur l’heure de la visite guidée. C’était immense mais vraiment très beau, les vignes étaient aux couleurs d’automne.
Avec le guide, j’ai fait le tour des installations de transformation, encore une fois rien de comparable avec les vignobles français que j’ai visités! On termine la visite par une dégustation, bien entendu.
2016.06.02
La pluie commence, je vais donc essayer de rester le plus possible à l’intérieur mais il me reste quelques trucs à voir au centre-ville.
Je commence par le marché central qui n’a rien à voir avec les marchés habituels. Il y a généralement des petits restaurants pas chers à l’intérieur mais le marché central de Santiago ressemble à une foire alimentaire de luxe avec des restaurants qui ont l’air beaucoup trop chics pour un marché, où les niveaux de salubrité sont habituellement au minimum acceptable. Il y a des vendeurs de poissons autour des restaurants, mais aucun fruit et légume qui sont normalement les plus présents.
Je m’en vais ensuite voir l’ancienne gare transformée en centre culturel et le musée des beaux-arts et la place juste à côté, puis je marche jusqu’à la maison de Pablo Neruda, personnage politique et culturel chilien très important. Sa maison est un musée racontant un peu son histoire à travers ses objets et raconte aussi l’histoire de la maison qu’il a fait construire selon son style.
Je conclus avec une marche sous la pluie dans un marché d’artisanat où on peut voir les artisans à l’œuvre. Le pueblito Los Dominicos est complètement désert, il n’y a que moi et les artisans. Ils n’ont donc personne d’autre que moi à achaler pour essayer de vendre leurs affaires. L’endroit est charmant mais la pluie et les pieds mouillés rendent l’activité un peu moins plaisante.
2016.06.03
Les pieds trempés du début à la fin de la journée. Le système d’égout est clairement insuffisant, surtout à Puente Alto où marcher les cinq coins de rues jusqu’au métro est un vrai défi. Il a plu pas mal mais ce n’était pas le déluge, et pourtant l’eau s’accumule dans les rues et traverser sans marcher dans le ruisseau devient un vrai casse- tête. Ça, c’est quand tu te fais pas splasher par les voitures, même en marchant à 2-3m du bord de la rue.
Je fais le tour de quelques musées dans le parc de Quinta normal, un grand parc avec plusieurs musées dans le parc et autour. J’ai visité le musée de la mémoire et des droits humains, dédié aux crimes commis sous le régime Pinochet. J’y allais pour en savoir un peu plus sur l’histoire et ce qui a mené au coup d’état de 1973 mais c’était très peu détaillé, l’accent étant davantage mis sur la torture et la censure.
J’ai ensuite fait le tour du musée d’histoire naturelle que j’ai bien aimé. Une visite assez courte puisque le musée ne fait qu’un seul étage et présente uniquement la faune chilienne et explique les différents climats du pays. C’était intéressant parce que je pouvais facilement faire des liens avec ce que j’ai vu auparavant.
2016.06.04
Dernier jour du voyage, déjà! Je le consacre donc à terminer de préparer mes affaires pour mon départ prévu au cours de la nuit. En après-midi, Victor m’emmène faire un tour de voiture dans le Cajon del Maipo, une vallée proche de Santiago au pied de la cordillère. Il y avait du monde là! Les chiliens n’étant pour la plupart pas habitués à la neige, ils étaient venus voir la neige et faire des bonhommes. C’était drôle, ça avait l’air comme dans les films, quand tout le monde est ben excité par la première neige!
En soirée, on sort chez je frère de Victor, Gustavo, pour la fête de sa fille. C’était une soirée très animée car Gustavo fait de l’animation professionnelle d’événements. Il nous avait organisé plein de jeux et il a animé tout le long de la soirée. Ça a bien clôturé mon voyage!
2016-06-05
Le départ de Santiago était prévu pour 6h53 pour un premier vol à destination de Bogota (Colombia). Puis un second qui m’amènera à Toronto, où je dois passer les douanes canadiennes. J’arrive seul à Toronto, mes bagages n’ayant pas suivis le même itinéraire… Finalement, je boucle le périple à l’aéroport Trudeau sur le coup de minuit. Mes bagages et mon vélo me seront finalement livrés le mardi 7 juin.
Je tiens à remercier une dernière fois mon « équipe technique » qui a fait un travail extraordinaire avec la gestion du blog et qui a toujours su m’assister dans les choix que j’ai eu à faire tout au long du voyage. Merci papa et maman!
Merci également à vous, lecteurs assidus, qui avez suivi mon périple et qui m’avez transmis ces mots d’encouragement.
Je veux aussi remercier tous ces gens que j’ai rencontrés en chemin, qui m’ont offert un café alors que je passais devant chez eux ou qui se sont arrêtés pour me demander si j’avais besoin d’aide. Je n’oublierai jamais la générosité des latinos, particulièrement tous les gens qui m’ont ouvert leur porte et m’ont accueilli chez eux comme si je faisais partie de la famille. Un gros merci à l’organisme Casira et toutes les casas de ciclista, Johanne et Gilles, Gabriel et son épouse, Jose et Kathe, Ivonne, Lucho et sa famille, Marcos et Hilda, Omar et Mayra, Oscar, Katiuska ainsi que Victor et Claudia.
Merci également à Anique et Daniel, Liliana ainsi qu’à Sébastien qui ont permis que quelques-unes de ces rencontres se réalisent.
J’exprime aussi ma gratitude aux hôtes Warmshowers et aux pompiers qui m’ont hébergé à plusieurs reprises.
Merci aussi à ma copine Joanie, pour qui ça n’a pas toujours été facile mais qui a su m’appuyer dans la réalisation de mon projet.
¡Quiero agradecer una ultima vez a todos que me acogieron, siempre recordare su generosidad! Gracias a Casira, todas las casas de ciclistas, Johanne y Gilles, Gabriel y su esposa, Jose y Kathe, Ivonne, Lucho y su familia, Marcos y Hilda, Omar y Mayra, Oscar, Katiuska y también a Victor y Claudia.